Villa Parmentier, Florence Doléac et David de Tscharner, 2011-2016
bois peint, 292 x 260 x 260 cm / Production pour l’exposition Châteaux secrets pendant le DIEP Festival de Dieppe, adaptation co-produite par le Domaine départemental de Chamarande et Piacé le radieux, Bézard – Le Corbusier.
http://www.doleac.net/index.php?/projects/chateaux-secrets/
La Villa Parmentier est une œuvre en forme de microarchitecture créée par les designers Florence Doléac et David de Tscharner à l’occasion du campement d’artistes de l’édition 2011 de « Châteaux secrets » organisé à Arques-la-Bataille. Les commissaires de l’exposition avaient demandé aux artistes de concevoir des espaces minimums de vie en s’appuyant sur le modèle du cabanon que Le Corbusier a construit à Roquebrune-Cap Martin en 1949. Cette maison minimale de 3,66m par 3,66m fut la dernière résidence de Le Corbusier ; il la dénommait son « château secret ». Ils devaient donc réfléchir à une forme d’habitat rationnel et économique bâti sur un site collectif.
De la même manière que Le Corbusier qui réfléchissait avec ce cabanon aux questions du développement de l’architecture de loisir et de l’environnement, de l’économique et du fonctionnel (comment construire avec des matériaux bon marché sans défigurer le littoral de la Cote d’Azur ?), Doléac et Tscharner proposent une architecture minimale et fonctionnelle. Pensée comme une réplique en bois d’une tente canadienne, leur cabane s’ouvre complètement grâce à un système d’auvents et de fenêtres. À l’intérieur, des supports à déplier peuvent aussi bien servir de table et de bancs à une famille en pique-nique lorsque les auvents sont ouverts, que de plancher-sommier pour un dormeur solitaire ou un couple lorsque ces derniers sont refermés. Dans une volonté de rationalisation de l’espace, le toit en canadienne vient parfaitement coiffer la table de pique-nique ; l’absence d’interstice entre le plateau et les parois, permet créer un espace clos, rassurant destiné à servir d’abris aux randonneurs.
L’énorme pomme de terre qui couronne l’un des pignons de la cabane fait directement référence aux écrits de Le Corbusier qui conseille en 1955 dans Architecture du bonheur, le camping est une clef: «Lorsque le temps tourne à l’orage, éloignez votre tente des arbres sans pour autant la placer dans un endroit isolé. Si vous avez une tente canadienne, piquez des pommes de terre sur les tiges extérieures en fer, cela évitera qu’elles n’attirent la foudre.»
Pièce qui tient à la fois de l’architecture fonctionnelle et du bel objet inutile, La Villa Parmentier s’inscrit dans le travail de design de Florence Doléac par son absurdité et son humour. Le dégradé de couleur met en valeur l’horizontalité des planche de charpente et fait ressortir la construction sur son fond de verdure. Doléac et Tscharner imaginaient créer tout un camping avec leur modèle de Villa Parmentier et se proposaient de planter au pied des canadiennes des aromates dont les couleurs se seraient mariées avec différents dégradés. Avec les «lucioles» photovoltaïques plantées dans la pomme de terre qui s’allument le soir tombant, ce dégradé du mauve au bleu ciel évoque l’horizon et appelle à la paresse et au rêve, mais rappelle également avec ironie le mobilier et les décorations de jardin parfois envahissant.
Texte de Roma Lambert