Unité d’habitation, Neal Beggs, 2012*
Œuvre produite par le Domaine de Chamarande
*Espace privé Moulin de Blaireau. Visible qu’aux moments des expositions temporaires, visites commentées ou sur rdv
Avec Unité d’habitation, Neal Beggs (artiste irlandais vivant et travaillant en France) rend hommage à l’édifice du même nom de Le Corbusier élevé à Marseille entre 1947 et 1952 au temps de la reconstruction d’après-guerre. Son œuvre prend la forme d’une table en béton armé dont les pieds bruts de décoffrage reprennent la forme et les proportions des gigantesques pilotis sur lesquels repose le corps du bâtiment corbuséen. Neal Beggs a également recourt au système de coffrage qu’emploie l’architecte suisse qui lui permet de créer sur la tranche du plateau des jeux graphiques liés à la disposition des planchettes de bois du coffrage. L’artiste voit sa pièce comme une « tranche » ou comme un fragment à échelle réduite de la Cité Radieuse. Ainsi, Neal Beggs transpose la volonté de Le Corbusier de réunir les gens dans des logements communs à celle de les rassembler autour du meuble le plus convivial : la table. Il existe également un rapport formel entre la table en béton et les vitraux cimentés de l’église de Piacé, autre lieu de rassemblement.
Une autre oeuvre « All the young dudes » de Neal Beggs, également produite pour le domaine de la Chamarande en 2012, existe sur la parcours et entre en résonance avec cette table. Avec ces deux pièces, Neal Beggs assoit en effet sa volonté de rapprocher et d’unifier les gens, que ce soit par l’action (la table qui rassemble, point de ralliement des conseils, des meetings ou des réunions de familles) ou par la mémoire (celle que l’on préserve dans les cimetières ou devant les mémoriaux). Son message est clair : c’est ensemble que l’on doit réfléchir à la construction d’un avenir meilleur qui nous épargnerait les horreurs de nouvelles guerres. Comme dans la chanson de David Bowie, l’atmosphère est peut être pessimiste mais le message délivré est, quant à lui, porteur d’espoir et fédérateur.
Texte de Roma Lambert