Hyacinthe descendue de l’arbre *, Séverine Hubard, 2010
charpente en Douglas (13x13cm), vis, tire-fond, cheville en acacias, 10 fenêtres PVC (126x77cm) diamètre: 4,4m/ hauteur: 4,2m
*Oeuvre ne figurant plus au parcours. brûlée le 23 juin 2018 à l’occasion de l’ouverture de la 10ème édition de la Quinzaine radieuse.
Cette pièce a été réalisée avec les Compagnons du bois à l’ocassion de l’exposition Habiter poétiquement le monde du Musée d’art moderne, comtemporain et d’art brut de Lille. Composé d’une charpente en bois et dix lucarnes PVC, cette œuvre poétique entretient un rapport immédiat avec son environnement (lotissement naissant)…
Diplômée des Beaux Arts de Dunkerque et de Nantes, Séverine Hubard (artiste née à Lille en 1977 à l’œuvre très polyvalente : photographie, vidéos, performance, sculpture) présente à Piacé une pièce ambiguë . Hyacinthe descendu de l’arbre se situe à la frontière entre sculpture et architecture, reflet d’une question centrale dans le travail de l’artiste: la présentation et la représentation de l’espace et du volume qu’elle aborde plus en «constructeur» qu’en sculpteur.
Privilégiant le travail en résidence à l’atelier fixe, Séverine Hubard recherche le contact direct avec l’environnement dans lequel s’insère ses œuvres à la manière d’un architecte. Hyacinthe …. (crée en premier lieu pour le musée d’Amiens) établi à Piacé un dialogue fort entre le noyer sous lequel elle est installée et la zone pavillonnaire qui l’entoure grâce aux matériaux qui la composent – une charpente de bois de Douglas et 10 lucarnes PVC – et qui renvoient directement à l’urbanisme. Pour son élaboration, Séverine Hubard a collaboré avec les Compagnons du bois, une société constituée de charpentiers, ce qui explique son assemblage grâce à un système de cheville.
Cette construction très orthogonale basée sur la forme géométrique du décagone convoque les recherches en partie utopiques des architectes constructivistes russes des années 1920-30 mais elle ne lui attribue aucune fonctionnalité. L’artiste voit son œuvre comme «un nid aux pied d’un arbre à l’intérieur duquel on se trouve à l’extérieur » ; une structure à la fois accueillante, rassurante et ouverte sur le paysage alentour, qui brouille les codes les plus élémentaires de l’architecture que sont le «dehors» et le «dedans» par l’emploi de ces fenêtres qui n’ouvrent sur rien et deviennent les seules cloisons de cette cabane. Ainsi, Hyacinthe se rapproche des sculptures de l’artiste Richard Deacon au sein desquelles le bois et le vide sont deux «matériaux» fondamentaux.
Plus encore qu’une plate forme ou qu’une cabane dans un arbre, cette œuvre aux multiples profils en facette évoque les figures de géométrie dans l’espace que l’on se plaisait à élaborer aux XVe et XVIe ou la taille d’une pierre précieuse. Le titre lui même n’est pas innocent : à la fois absurde et poétique, il rappelle qu’au delà de sa matérialité, l’œuvre de Séverine Hubard comprend une dimension humoristique et, dans ce cas précis, poétique, : «Hyacinthe» convoque autant le personnage de la mythologie grecque métamorphosé en fleur que la variété de zircon du même nom. Par ce nid étrange aux contours changeants, Séverine Hubard instaure une déviance au sein de la norme des habitations alentours et renouvelle le regard sur l’architecture du quotidien.
Texte de Roma Lambert