Grotte de nez, Jean Bonichon, 2018-2020
Oeuvre produite pour « La Biennale Chemin d’art » avec le soutien de l’association Champ Libre
« ce monument, quand le visite-t-on ? »
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (La tirade du Nez), 1897
« (…) Toute l’ambivalence de l’attribut est que cette posture quasi insignifiante a pourtant fortement marqué l’histoire et l’art. En effet, personne ne se souvient des oreilles de Cléopâtre, des lèvres grecques ou des yeux bourbons. Pour le nez seul reste la postérité des rois et des régnants ; jusqu’au Sphinx de Gizeh à qui il fait passablement défaut. Paradoxalement, c’est avant tout sur la discrétion du remplissage nasale que chacun compte et, malgré sa besogne continue des plus vitale, ce bourreau de travail doit gérer son activité de manière mutique et insondable. Quand, par mégarde, le nez se fait trop bruyant, qu’il éternue, renifle ou ronfle, on s’offusque ou se moque et son porteur ressent la gêne liée à la bienséance en société ; aussitôt, l’auteur de l’embardée incontrôlée se confond en excuses à l’idée que ses miasmes se sont répandus au nez de l’assistance. Il n’y a bien que Gargantua, par son parlé poivré, qui en fera un jeu de langage poétique de ce qu’il « enrime » ses mots avec sa morve. (…) »
Jean Bonichon, extrait du texte de présentation de son œuvre, 2018.