IBAI HERNANDORENA

IbaĂŻ Hernandorena, Arbre

Capsule Radieuse • IBAI HERNANDORENA

EXPOSITION DU 15-04 AU 30-04-2023

En vitrine du Kub d’Or et sur rendez-vous avec la complicitĂ© du restaurant Le Relais des Renards

VERNISSAGE  SAMEDI 15-04 Ă  partir de 18h30
CEDRIC THIMON / PAUL ROGERS Free Music 19h30
Le kub d’Or + Inauguration de « Arbre » au Relais des Renards. Arbre, objet hybride entre sculpture et mobilier urbain, est installĂ© dans la cour du restaurant Le Relais des Renards. Arbre intègre le parcours d’art et d’architecture de PiacĂ© le radieux. EntrĂ©e libre.

IBAI HERNANDORENA par JULIE CRENN

Source : Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine  dd/a La ville, ses paysages, son architecture et ses temporalitĂ©s, constituent le cĹ“ur de la rĂ©flexion artistique d’Ibai Hernandorena. Ce dernier s’intĂ©resse plus particulièrement Ă  la notion de modernitĂ©, aux utopies qu’elle engendre et Ă  leur Ă©vanouissement Ă  travers les Ă©poques. Des utopies, qui, au fil des dĂ©cennies, s’effondrent, Ă©voluent ou se renouvellent. Ainsi, il rĂ©alise Promesse (2014), un château de cartes monumental formĂ© Ă  partir d’élĂ©ments de façade dessinĂ©s par Jean ProuvĂ©. La sculpture semble Ă  la fois lourde et fragile.
Entre construction et dĂ©construction, l’idĂ©e de modernitĂ© ne tient plus qu’à un fil, elle peut vaciller Ă  chaque instant. En ce sens, l’artiste travaille les fantĂ´mes des villes et des bâtiments. Ainsi, il articule des modules en acier, qui forment un Paysage (2015) qui mue et s’adapte Ă  l’espace d’exposition. Celui d’une vue architecturale dont il a sobrement extrait le dessin. De mĂŞme, la photographie intitulĂ©e Glissement prĂ©sente un bâtiment en cours de destruction. L’immeuble, dont il ne reste plus que le squelette, semble ĂŞtre celui d’une maquette en carton, fragile et Ă©phĂ©mère. L’image est troublĂ©e, les couleurs sont accentuĂ©es et dĂ©calĂ©es. Notre vision est alors perturbĂ©e, l’image du bâtiment en voie de disparition se fait persistante. En Espagne, Ibai Hernandorena filme une ville fantĂ´me, Seseña, au sud du Madrid (Falls â€“ 2015).
Après la crise immobilière de 2008, la ville demeure en chantier, elle est Ă  peine habitĂ©e, Ă  peine activĂ©e. Ă€ bord de sa voiture, il filme autour d’un rond-point, l’image est exagĂ©rĂ©ment ralentie. Le travelling semble infini. Le paysage est rendu flou, insaisissable, Ă©vanescent. Une sensation que nous retrouvons dans la sĂ©rie Destinations (2015), oĂą, sur des feuilles de papier, l’artiste a transposĂ© par la brĂ»lure des cartes postales oĂą figurent les Grands Ensembles construits entre les annĂ©es 1950 et 1970. Les signes de la modernitĂ©, et par extension d’une utopie collective, s’évanouissent lentement. MalgrĂ© leur lente calcination, le voyage des cartes postales est prolongĂ© d’une manière prĂ©caire.Au fil des Ĺ“uvres, Ibai Hernandorena explore la notion de mouvement en Ă©tablissant diffĂ©rentes traductions : physiques, mentales, matĂ©rielles et visuelles. Ainsi, il moule la partie supĂ©rieure de sa moto dans une rĂ©sine translucide. La coque du carĂ©nage est ensuite disposĂ©e sur un Ă©lĂ©ment en acier fixĂ© au mur. L’objet fait allusion Ă  la moto et tout l’imaginaire qu’elle comporte, elle rappelle ainsi les sculptures futuristes de Boccioni oĂą l’idĂ©e du mouvement est donnĂ©e. Ă€ la dimension mĂ©canique, Ibai Hernandorena ajoute une dimension de type organique, l’œuvre fait aussi rĂ©fĂ©rence Ă  une chrysalide, un corps Ă©trange en gestation. Par ailleurs, la sĂ©rie Timeline (2015) est formĂ©e d’images prises Ă  bord d’avions. Entre la terre et le ciel, les images font Ă©tat d’un mouvement, d’un manque et d’une blessure. L’appareil semble incapable de restituer le changement d’état d’un paysage en mouvement. Alors, le temps est ralenti, suspendu, il se consume lentement. En explorant une zone inconfortable et fuyante, l’artiste travaille le temps, la ruine, le souvenir d’un paysage, d’une ville, d’une habitation. Au fil des Ĺ“uvres, tout ce qui nous paraĂ®t familier, nous Ă©chappe et se transforme.