NORBERT BÉZARD CÉRAMISTE
Dans les dernières années de sa vie (à partir de 1945 jusqu’à sa mort 1956), Norbert Bézard s’engage dans un travail de céramiste et de peintre. Il réalise, entre autres, un ensemble de céramiques pour la Chapelle de Ronchamp.
Ses céramiques sont le reflet de son tempérament et de ses thèmes de prédilection : la faune, la flore, la pêche etc.
Le Corbusier sera d’un soutien sans faille dans la conduite de sa pratique artistique comme en témoigne une riche correspondance entre les deux hommes.
(…) D’un jour à l’autre, n’ayant jamais pensé à çà, le voilà céramiste. En prise directe avec le métier, ébloui, heureux, passionnément il fait d’admirables plats et assiettes. Et il ne doit rien à personne. La matière, la substance, la forme «plein la main», une maturité immédiate. Céramique entièrement neuve et personnelle. Il ne doit rien à personne. Mais le Mr « Personne » ne sait vivre et respirer que de références !! (…)
Extrait de la préface de Le Corbusier à l’exposition de Bézard (Arts) le 29 septembre 1955
A l’occasion de la 5ème édition de la Quinzaine radieuse (22 juin – 07 juillet 2013), l’ensemble des céramiques répertoriés à ce jour de Norbert Bézard ont été exposées au public. L’exposition a fait l’objet d’un catalogue.
(….) Les formes sont moulées ou modelées : les assiettes probablement estampées dans une empreinte, les contenants modelés (pichet, pot, soupière), leur conférant un air de guingois plein de vie puisque l’expression de la force est poussée de l’intérieur du volume, de même que ses sculptures zoomorphes (anguilles). Sa coupe en forme de crabe est une belle réussite. Il y a du Carriès en lui, un Carriès mâtiné de Palissy. Ses formes et son iconographie relèvent de l’ancienne tradition imagière française : nous pensons à sa série Zodiaque où les symboles des signes sont du pur art roman. Il y apporte la fraîcheur d’un répertoire « naïf » qui plaisait au tenant du Purisme. Sa sensibilité a comme corollaire un sens de l’observation propre au chasseur-pêcheur. Puisés dans cette expérience de la nature, son terreau naturel, les animaux ou les végétaux amis du cueilleur comme les champignons, sont saisis dans une attitude, une pose caractéristique de leur espèce. A ceci près que les couleurs sont vives, fantaisistes, souvent peu réalistes et mises en valeur, -en miroir presque- par un vernis bien brillant qui densifie le tout. Les assiettes sont lourdes, denses, pleines. Rien à enlever, rien à ajouter. Un œuf parfait : le passage de la nature à la culture (…).
Anne Lajoix, Extrait du catalogue de l’exposition «Norbert Bézard, Céramiste d’art», 2013