« I-Weed… », Lois Weinberger, 2004-2019
Né au sein d’une famille de paysans dans le Haut-Tyrol autrichien, Lois Weinberger entreprend dès le début des années 1970, un travail poétique et politique portant sur notre environnement direct qu’il soit naturel ou remanié par l’homme. Son regard se tourne vers une nature libre et spontanée dont il révèle des zones marginales.
Les plantes rudérales – « Weeds » – communément appelées mauvaises herbes, sont à l’origine d’une oeuvre protéiforme riche de dessins, photographies, objets textes, films, oeuvres organiques en évolution permanente et installations dans l’espace public. Son travail pionnier a largement contribué à la discussion sur l’art et la nature amorcée dans les années 1990.
L’artiste est représenté par la galerie Salle Principale (Paris).
La pièce « I-Weed… » présentée ici est inspirée d’un ancien livre de botanique décrivant l’importante production de graines issues d’une plante toxique appelée jusquiame noire (encore dénommée « herbe à poules »), mauvaise herbe poussant dans les terrains en friche ou labourés, souvent à proximité de bâtiments agricoles. Lois Weinberger a conjugué le mot jusquiame noire selon la grammaire allemande, et à la manière d’une leçon d’écolier, donnant le jeu suivant : « Ichkraut, Dukraut, Eskraut, Wirkraut… » (Kraut signifiant mauvaise herbe). Traduite en anglais « I weed, you weed, he weed, we weed… », cette comptine se double d’un nouveau sens, weed (Désherber, mauvaise herbe) signifiant également marijuana. L’acte de conjuguer ce mot commun (« I weed, you weed, he weed… »Je désherbe, Tu désherbes, Il désherbe…) prédisposerait donc ceux qui veulent se débarrasser des « mauvaises herbes » à en devenir eux-mêmes.